THE HORSE SEEKING REVENGE ON THE STAG
From the beginning of time Horses were not born for Men. Once Man was quite satisfied eating acorn, Donkey, Horse and Mule dwelt in the forest; And one saw not, as in this century, So many saddles and various packs, Nor such fittings for warfare, Many poste-chaises, legion of coaches; Likewise one did not witness So much feasting and numerous parties. One day, a Horse had an argument With a Stag capable of great speed, Chased it all about and failing utterly, Sought help from Man, begged for support. The Man rigged him with bit and rein, leapt on his back, Gave him no repose until The Stag was caught and lost his life; This done, the Horse gave thanks To Man his benefactor saying; I am grateful, Farewell, I'm going back to the wilderness. - Nay, said the Man; our dwelling is more suitable: I clearly see how useful you might be. Stay with me you'll be treated well And to your belly in a bed of straw. Alas, what good is fine food When one has lost freedom? The Horse perceived his foolishness; But it was too late: already his stable Was ready and built so very well. He died there while pulling on his rope! Wiser had he forgiven a petty offense. Whatever pleasure vengeance may bring, It is too costly, when bought at the expense Of what is gone, all the rest is naught. Never seek revenge for it may be your undoing ============================================= Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf De tout temps les Chevaux ne sont nés pour les hommes. Lorsque le genre humain de gland se contentait, Ane, Cheval, et Mule, aux forêts habitait ; Et l'on ne voyait point, comme au siècle où nous sommes, Tant de selles et tant de bâts, Tant de harnois pour les combats, Tant de chaises, tant de carrosses, Comme aussi ne voyait-on pas Tant de festins et tant de noces. Or un Cheval eut alors différent Avec un Cerf plein de vitesse, Et ne pouvant l'attraper en courant, Il eut recours à l'Homme, implora son adresse. L'Homme lui mit un frein, lui sauta sur le dos, Ne lui donna point de repos Que le Cerf ne fût pris, et n'y laissât la vie ; Et cela fait, le Cheval remercie L'Homme son bienfaiteur, disant : Je suis à vous ; Adieu. Je m'en retourne en mon séjour sauvage. - Non pas cela, dit l'Homme ; il fait meilleur chez nous : Je vois trop quel est votre usage. Demeurez donc ; vous serez bien traité. Et jusqu'au ventre en la litière. Hélas ! que sert la bonne chère Quand on n'a pas la liberté ? Le Cheval s'aperçut qu'il avait fait folie ; Mais il n'était plus temps : déjà son écurie Etait prête et toute bâtie. Il y mourut en traînant son lien. Sage s'il eût remis une légère offense. Quel que soit le plaisir que cause la vengeance, C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien Sans qui les autres ne sont rien. |