The Master's Eye
A stag having fled into an oxen stable At first was warned by them To seek better shelter elsewhere. 'Brothers,' said he to them, 'do not betray me: And I shall tell you of the best pastures; This service could be of useful to you someday, And you will have no regrets.' The oxen thereupon agreed to keep his secret. He hid in a corner sighs, and gathers his courage. That evening fresh grass and fodder is brought in, As was done everyday. The servants come and go a hundred times. So did the overseer and no one by chance Saw neither body, nor antlers, Nor stag even. The forests dweller Already grateful to the oxen, waits in the stable For everyone to return to *Ceres' work, So that he could slip out at a favorable moment. One of the oxen, chewing his cud, told him: 'All's well; But wait! Hundred-Eyes hasn't yet made his rounds: I fear for you when he arrives. Till then, poor stag, do not brag.' Thereupon the Master enters and makes his round. 'What is this?' he scolded his servants. 'I find mighty little grass in these racks. This litter is old: go up quickly to the lofts. From now on I want to see your cattle better cared for. What trouble is it to remove all these spiders? Do we not know how to put away these yokes and collars?' While looking all around, he notices a head Besides the ones he usually saw there. The stag is found out; each takes a pitchfork And each in turn jabs the beast. His tears could not save him from death, He is taken away, salted and made into many a meal, Enjoyed by many happy neighbors. *Phèdre on this subject declared elegantly: To see everything, the Master's Eye is best of all, As for me, I would add, so is the Lover's Eye. *Cérès. Myth. Roman Goddess of harvests, identified as Déméter. *Phedre. in Latin. Caius Julius Phraedrus or Phaeder, writer of Fables in Latin (15 BC. J.-C.- 50 AD) author of Fables imitating Aesop. ================================================= L'Oeil du Maître Un Cerf s'étant sauvé dans une étable à boeufs Fut d'abord averti par eux Qu'il cherchât un meilleur asile. Mes frères, leur dit-il, ne me décelez pas : Je vous enseignerai les pâtis les plus gras ; Ce service vous peut quelque jour être utile, Et vous n'en aurez point regret. Les Boeufs à toutes fins promirent le secret. Il se cache en un coin, respire, et prend courage. Sur le soir on apporte herbe fraîche et fourrage Comme l'on faisait tous les jours. L'on va, l'on vient, les valets font cent tours. L'Intendant même, et pas un d'aventure N'aperçut ni corps, ni ramure, Ni Cerf enfin. L'habitant des forêts Rend déjà grâce aux Boeufs, attend dans cette étable Que chacun retournant au travail de Cérès, Il trouve pour sortir un moment favorable. L'un des Boeufs ruminant lui dit : Cela va bien ; Mais quoi ! l'homme aux cent yeux n'a pas fait sa revue. Je crains fort pour toi sa venue. Jusque-là, pauvre Cerf, ne te vante de rien. Là-dessus le Maître entre et vient faire sa ronde. Qu'est-ce-ci ? dit-il à son monde. Je trouve bien peu d'herbe en tous ces râteliers. Cette litière est vieille : allez vite aux greniers. Je veux voir désormais vos bêtes mieux soignées. Que coûte-t-il d'ôter toutes ces araignées ? Ne saurait-on ranger ces jougs et ces colliers ? En regardant à tout, il voit une autre tête Que celles qu'il voyait d'ordinaire en ce lieu. Le Cerf est reconnu ; chacun prend un épieu ; Chacun donne un coup à la bête. Ses larmes ne sauraient la sauver du trépas. On l'emporte, on la sale, on en fait maint repas, Dont maint voisin s'éjouit d'être. Phèdre sur ce sujet dit fort élégamment : Il n'est, pour voir, que l'oeil du Maître. Quant à moi, j'y mettrais encor l'oeil de l'Amant. |